We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Trajectoires

by Oaristys

/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      €10 EUR  or more

     

1.
#3 02:44
2.
Orion 03:27
Tirer des flèches dans l'espace et regarder tomber la nuit. Tuer le temps. Tirer, tant que le carquois n'est pas vide. Il habite un cabanon étroit au fond d'une impasse éventrée. Impossible combinaison de branches basses et de gravats. Sa main droite valse avec une étoile éméchée. Sa lumière danse avec l’œil gauche et puis l’œil droit. Vaste cible qui s'incline dans ses écrits. Lui qui trempe sa plume dans l'encrier de ses dunes vides. Et dessine des lignes avec un arc oblique et penché. Dans le noir qui les séparent de leur maternité commune. Orion, archer, dans un monde en apnée. Terre féconde et fâchée qu'il aborde caché. Dans son arbre perché observe le monde et ses travers. Avec une vitesse de croisière et des manières de vrai seigneur. Viser le cœur du soleil pour en briser le silence. Refuser d'être la proie sans se rêver chasseur. L'univers qui s'expand en l'absence de compteur. Voir la beauté du geste, oublier les conséquences. Il danse. Danse. Dans sa constellation. Orion. A tiré sa révérence. Il penche. Penche. Travaille ses génuflexions. Danser. Danser. Jusqu'à l'explosion. Orion. Comme une résurgence de l'enfance, un idéal de poète. Il chevauche les comètes avec une allure de cow-boy. Il ne touche plus le sol mais la matière qui le retient le ramène à la lourdeur d'être le fils d'un terrien. Met des points sur la carte, un trajet en attente. Un voyage sous escorte, il est en lévitation. Il absorbe les vibrations qui résonnent dans ses tempes. Tout le ciel est sa piste. Infini pulsation. Il danse. Danse. Dans sa constellation. Orion. A tiré sa révérence. Il penche. Penche. Travaille ses génuflexions. Danser. Danser. Jusqu'à l'explosion. Orion. Tirer des flèches dans l'espace. Avec un arc en papier. Sur des feuilles volantes, vouées à vivre en errance. Enfance de géant. Résistance au passé. La lune est son écran, admirez sa prestance. Dans sa constellation. Danser. Danser. Tirer sa révérence. Travaille l'imagination. Dans son cabanon étroit, il en tire la substance. Il danse. Danse. Jusqu'à l'explosion.
3.
12h55 04:25
12h56. Tout semble décuplé. Enflé par l'émotion. Tout est en vrac et il patauge dans cette flaque, la main qui en cherche les contours. Pétrifié. Il s'égare. Comme prit dans les phares d'une voiture, le regard est perdu. 12h57. La poussière. L'horizon découpé à la serpe, oscille entre ses paupières. À chaque battement de cil, une vie qui défile. À chaque impact, il vacille. L'instant est suspendu au dessus du vide. Et il tombe. Il tombe. Se raccroche à ses souvenirs. Des images de l'enfance. Le temps des cerfs-volants. Un bruit de fond le perturbe. L'instant est suspendu aux abords de l'abîme et il tombe entre les cris. C'est un paysage sidérant qui prend des airs d'habitude. La solitude est vaste malgré les gens qui s'animent. Tout autour. Comme des molécules dans l'espace. Ou des enfants dans la cour. Treize heures et trois minutes. Le message est passé dans la sphère politique. L'analyse est minée. Les victimes se décomptent à l'ombre des gravats. Les dégâts pris en compte, la réponse est donnée. 13h09. La mort à manger l'enfant dans sa tête. Il ne voit plus très clairement qu'elle est la distance entre le dialogue et la roquette. Soigner la plaie par la riposte. Semer la méfiance dans les esprits. La paix n'est jamais gratuite, ceux qui la paye peuvent en parler. Mais leur corps n'est plus que décombres. Et les tombes dans le décor sont le curseur de l'époque et l'échec de nos rapports. Et sous la poussière ça cogite. Ça tire des plans sur des comètes. Comme des molécules dans l'espace à la recherche d'une planète. Infiltré dans la masse gluante de l'indicible raison, le conflit invisible a prit pour cible sa maison. Il ne s'agit là que de méthode. Le dialogue usé des langues au repos. Et le silence encore intact se voit dépourvu d'éloquence quand il s'agit d'éponger les rues qu'on défigure d'un coup de griffe. D'une balafre si profonde qu'on y tombe avec fracas. À cour d'argument et de tact. Un combat dépourvu de panache et d'élégance dans les débats. Trop de souffrance dans ses ébats. La guerre n'enfante que des soldats. De la vengeance et des tracas. Des géographes qui ne construisent qu'avec un fusil dans les bras. On trace ainsi des périmètres qu'on appelle des lignes à défendre. Avec des gens qu'on invite à descendre des gens qu'on incite à se soumettre. C'est le gant qu'on agitait sous le nez des arrogances. Retour au temps des allégeances. 13h10. La cendre précède la violence. Avec tout le sang qui bat dans ses tempes, Les rêves les plus grands qui se compriment, Et l'ignorance qui les emmène au front avec des tambours dans la poitrine. Paysage oppressant qu'il contemple avec une distance infime. Sans entendre le rire des enfants qui grandissent dans la ruine. La peur aussi fait des enfants et ces enfants sont comme des éponges. Aux prises avec une vérité délicate qui les ronge et les abimes. Parce qu'il est vrai que les monstres existent et qu'il est possible de les combattre. Mais la fin du conte est rédigée comme une biographie assassine. Il ne s'agit là que de racines. Que du pouvoir qui les fascine. Que le chemin qui fait l'Histoire n'est pas une trajectoire facile. Et qu'on s'enlise dans les postures, là où le péril fait la gloire. Là où les martyrs font la coutume. Comme un costume qu'on enfile. Et que ça défile dans les rues ou que ça tire dans tous les sens, ils voudraient un monde immobile. Changer l'esprit libre en statue. À trop penser aux disparus, on oublie souvent ceux qui suivent. 12h55. C'est dans sa tête que la roquette s'est abattue.
4.
Il bat des ailes avec élégance. Au dessus du sol vitré qui te sert de plafond. Sorti du nid comme un fer de lance. La naissance privilégiée des fils de lion. La rancune intrinsèque et la faim de l'ogre. Les dents longues et la flèche pointée vers le soleil. Né pour tirer les ficelles, il est un envoyé du ciel et toi la main à mordre. Il est dopé à la réussite. Depuis tout petit, il différencie les bras droit et les bras à tordre. Il explique ainsi le principe des castes et de l'ordre établi. C'est ainsi que son monde se coordonne, que son rapport aux gens est prédéfini. Il répond aux attentes séculaires de sa famille. Il est un produit dérivé des industries. Enfant solitaire à l'âme de guerrier. Le regard polaire, le voyage lunaire. Il n'a pas touché terre depuis qu'il est né. Dispense des conseils depuis l'astre solaire. La doctrine est puissante. Charmante à ses yeux. Moteur de mépris ancré dans les viscères. Tout est verrouillé. Un monde à part où l'on parle de haut. Où sa parole tombe comme il pleut des cordes. Il ne voit dehors qu'une horde criarde et sans visage, adorant le désordre et les brasiers qui fument. Lui revient l'image de corps dissociés. Sa mémoire est tiraillée. Semble vidée de l'histoire commune. Il a les mêmes penchants que ses ainés. Il ne se penche que pour voir son reflet dans la lune. Ne courbant l'échine que pour défaire ses lacets. Ou ramasser l'estime et les fleurs qu'il se jette. Il se lave les mains sur le bord de la tribune. Après avoir laissé tomber des miettes. Quand il sortira de l'urne comme un fer de lance. Tu verra surgir un fils de lion. Qui battra des ailes avec élégance au dessus du sol vitré qui te sert de plafond. La flèche toujours pointée vers le ciel. L'appétit du mérite qui se nourri de l'autre. Il a la faim de l'ogre et toi la fin du mois. Il a les couilles en or et toi la voix qui porte. Si tout ce qui est dit est déjà écrit dans la marge. Si le sommet opaque nous fait croire à la nuit. S'il faut jouir à crédit, comment jouir sans entrave. Même la fiscalité à son paradis. Du sang sous la botte, un fouet dans la poche, un biscuit dans la main, il t'attend au tournant. Lâchera les chiens même si tu viens en ami. Si Dieu est amour, tout le reste est à lui. Pas du même monde, pas du même sang, pas les mêmes codes. La langage de l'argent se comprend sans effort. Toi tu te sers de tes mains comme un porte voix. Retour à la nuit, marcher dans les rues. Essuyer l'insulte et le crachat. On n’éteins pas l'incendie avec des miettes. Il a la montre en or et toi le temps qu'il reste. Jouer sa vie à pile ou face, en regardant se boucher l’aorte sociale. En signant les contrats il a le bras long, toi, les allocations d'aide à l'emploi. Casser la nacelle, couper les ficelles, briser le sol vitré qui sert de plafond. Il a les lois du marché, la voix des élus et toi, tu respire les gaz de dispersion. Cortège enflé de la révolte. Il vend du rêve en porte à porte. Chacun défend sa place dans la meute. Il a le leadership et toi la voix qui porte.
5.
La calomnie complaisante est brandie comme un étendard. Un bouclier juridique. Un rempart à l'hystérie. Le déni est total. Patriarcat des élites. La théorie se fait belle mais la pratique est brutale. La rétine écarlate, les tympans perforés. À force de gratter sur l'écorce muette des promesses. Les discours de détresse finissent en statistiques. Le silence en appauvrit l'essence et la portée. Écouter les récits cassés, enterrés pendant quinze ans. Chaque langue est coupée. La parole attire le doute. La blessure en est masquée. Le réalisme est violent. Le résumer à des chiffres nous apprends juste à compter. La vérité devrait être un cortège, une escorte, un pilier. Un tremblement de terre et sa réplique. Mais elle s'éclate sur les murs d'une domination héritée. Et on maquille le meurtre en banal drame domestique. Hiérarchie parasite. Monarchie de l'esquive. Le tissu de mensonge érigé en drapeau. Le repentir piteux dont la salive est captive. Acide et vicieux, le regard en dit long. Jauger la crédibilité à la taille de la jupe. Principe archaïque. Privilège dégradant. Recevoir une gifle à la taille de l'insulte. Traiter les mères de putes mais agir comme un client. Tout s'est confondu. Noyé dans les torrents. Les on-dit, soi disant, les non-dits qu'on réplique. Les problèmes n'en sont plus quand ils sont le langage courant. On change pas l'habitude si on change pas le lexique. Point de vue fermé. Œillères de cheval. Élargir la paroi. Réflexe de chrysalide. Héritage sensible. Un sujet si banal. Rien à condamner dans un tribunal vide. La vérité devrait être un cortège, une escorte, un pilier. Un tremblement de terre et sa réplique. Mais elle s'éclate sur les murs d'une domination héritée. Et on maquille le meurtre en banal drame domestique.
6.
Monsieur 6000 : Ma vie est fertile, et pour ceux qui l’ignorent Grandir en bas des tours est une chance en or De cultures, d’origines qui se mêlent me transportent Algérie, Limousine sur une plage de Niodior Et ça fight, et ça chambre, un tunnel nous rassemble Amitiés dévoilées, sentiment d’appartenance Le système t’a quitté alors tu kick le système Réaction de baisé quand tu vrilles sur toi-même Oaristys : Les conditions de départ désorientent les racines. L'amnésie les résument, le voyage les raniment. La migration posthume, les histoires qu'on ravive. On emporte avec soi tous les poids qu'on assume. Et les soirs qui nous arriment au moindre bar qui nous rassure. Qu'on imite les vieux schémas ou qu'on évite le piège de la rime. L'introspection collective et la culture qui nous infuse. Sont des remparts à l'absurde et à toute forme de racisme. Monsieur 6000 : La rage est là, dans un combat inégal Œil pour œil, dent pour dent, lâche mon bras tu m’fais mal On s’est construit, partagé sous culture Et toujours déplorer inspecteur la bavure Oaristys : Il marche avec prestance dans le quartier qui l'a vu grandir. La valeur est un principe qui s'attache bien au lieu de naissance. Mais d'où tu parles et à qui tu t'adresses perd de l'importance. Quand les trajectoires complexes font le chemin qui t'a vu partir. Creuser jusqu'à la racine ou gratter jusqu'à l'os. Le reflet géographique et l'exil qui lui succède. Un environnement féroce. Quand le béton devient cannibale. Devenir Indiana Jones ou finir comme un sale gosse. Le déterminisme précède la nature intrinsèque. De chaque être vivant qui se croit bête et méchant. Le mouvement rotatif de la terre de nos ancêtres. Nous fait toujours revenir aux mêmes points d'interrogations.
7.
Interludes 02:52
L'écriture est un pendentif sur le cou d'une girafe. Là où prend place le vertige. Elle écrit qu'elle se sent seule. Les jours de pluie, elle étouffe. Elle rédige des épitaphes. Elle sait que dans ses recueils, le cœur se cherche un linceul. Déglutir des paragraphes. Sa carapace est fendue. L'espoir qui s'efface en elle, a fait le bruit d'un ruisseau. À peine de quoi couvrir le raffuts des battements cardiaques. Et le silence de l'étoffe qu'elle a posée dessus. Jour de pluie. Jour de plus. Jour de larme. Cahier blanc. Elle oublie ses amants à mesure qu'elle vide ses stylos. On croit nager dans la mer, on se perd dans un verre d'eau. Elle dérive en rafiot dans les moindres courants. Elle jette l'encre solitaire sur les pages qu'on ne relie pas. C'est pas si grave si la cigüe coule à flots dans les artères. Si la nuit qui se répand est un lieu qu'on ne connait pas. La douleur et les sanglots redéfinissent les repères. Comme droguée à la rupture, les histoires tournent en boucle. Se répètent. Se répètent. Sans jamais changer le titre. C'est ça qu'elle appelle l'amour, une blessure qui se mérite. Une épine dans le dos qu'on hérite à coup sûr. À mesure qu'elle embrasse le bourreau de ses lèvres brûlantes. Elle compte le nombre de jour qu'il reste avant l'échafaud. Elle sombre dans le cynisme, elle étudie ses limites. Et les pages qu'elle déchire finissent par tromper l'ennui. Elle ne se définie plus. Elle n'a plus rien à dire. Sinon que la pluie la pousse à écrire des chapitres. De la taille d'une agrafe qu'elle arrache pour sentir. Le frisson de la vie qui parcours les ellipses.
8.
Qu'est-ce qui le retient ? Fait le souffle trop court et transpirer les mains. Regarde la lâcheté qui pousse à la fuite. Qui lutte à rebours et qui chante à la fin. Prendre la mouche à celui qui taquine. L'orgueil qui tapine. L'estime est farouche. Les cartouches ruminent. Il aimerait tirer dans la foule. Le malaise est tangible. Se tordre la bouche, pour vider son carquois sans viser la cible. Avorter le réel qui touche les endroits où la couche est sensible. La tendresse est mortelle. Elle ajoute à la brèche, fissure et séquelle. Des blessures qui, telles quelles, pourrissent au soleil dans un silence agile et partiel. Rester fidèle au problème. Sembler marcher droit quand tous le corps chancelle. Rejeter la faute. Comme une habitude. Ne plus voir tout le mal qui s'amoncelle. Le déni ensorcelle. Il habille la pluie d'un habile arc-en-ciel. Un brasier, que la contradiction ravive à la première étincelle. Innocenter l'abîme qui le ronge. Quand le courage le quitte à la vue d'une épine. Ressentir le calme qui précède le séisme. La peur le gangrène. Évite le sujet. Exploite le répit. Tout paraît factice. Tous les mots s'emmêlent. Regarde où ça mène. Les yeux drapés d'une étoffe invisible. Il regarde ailleurs pour ne pas voir la scène. Changer à tout prix l’indicible en toupie. Mais la voix qui balbutie trahie la gène. L'équilibre est fragile. Se donner tant de peine à l'esquive. Bâtir des murailles à la taille de l’ego. La parade est malsaine. Rebrousser chemin pour nier le fossé. Devenir le mur à qui l'on va parler. Vouloir nous cacher que la force est cassée. Et se dire un homme. Un vrai. Qui aime les siens. Sans jamais risquer d'altérer la racine que les années abîment si bien. Imagine le vertige qui l'anime. Les ravages quotidien. Quand on sème ainsi la censure dans les sols de l'intime. La colère se nourrit de tristesse ancienne. Des histoires mal cousues qui saignent. Et qu'on empilent ici, dans la cage thoracique, là où le cœur s'agite. À la première étincelle. L'imposture entretient la discorde. Les stratagèmes aussi finissent par se fêler. Réciter la méfiance. La parole en sursis. Caillou dans la trachée. Le courage est assis et passif à souhait. Debout sur les freins, à l'abri des querelles. Il attend qu'on l'appelle avant de s'étouffer. À la première étincelle.
9.
Les passants 03:56
Tomber en pleurs au bas de l'immeuble. L'arcade en sang qui tache le béton. Grenade lacrymogène tombée du ciel. Dans l’œil civilisé d'un passant déchu . La force et l'ordre. Le chien. La chienne. Ont mordu l'image qu'on s'en faisait. Assis en cercle. Soudés. Soudés. Tout ces types gazés à la chaine humaine. Respire l'odeur la moins démocratique. Goutes le tonfa du front patriotique. Tactique de facho qui réclame le respect. Noyé dans l'urne où le pouvoir s'est perdu. Taper les mollets. Pour mettre à genoux. Nasser les foules. Libérer la rue. Semer la panique et présenter l'excuse. La mémoire sélective. Le pardon corrompu. Lassé d'aboyer en tirant sur la chaine. Assez de geindre. Lâcher la haine. Récolte les fruits de l'arbre qu'on saigne. Et les conseils qu'on enseigne ici. Ferme les yeux. Consomme à crédit. La confiance a un prix fixé par la peur. Plus rien ne les gène. Descend dans l'arène. Aborder le futur comme un gladiateur. Enliser le dialogue dans la posture. Mariage forcé du pavé et de la vitre. Parler d'amour en portant une armure. Pourrir sur place ou courir plus vite. Le témoin va parler. La sécurité est une valeur comptable. Le passant le sait bien. Il en est créditeur. L'élément de langage ne fait pas l'orateur. Et pourtant, il en est le moteur principal. Au passage du cortège, la vitrine est cassée. À la une du journal. Les blessés sont cachés. Ça dérape dans les coins. Ne dit rien, t'as rien vu. La déontologie n'est plus ce qui nous protège. Les élites semblent ignorer les incendies. Ça part en fumée. Ils se roulent dans les cendres. On parle d'incidents. Et le cœur en ciment. Se fissure à peine. C'est indécent. Boucliers brandis. Les doigts dans la prise. Une gestion de crise. La tête en avant. Dernière sommation. Compter les cartouches. Bomber le torse et gifler le passant. Un peuple muet pendant cinq ans. Est le privilège des dirigeants violents. Le témoin est sommé de choisir son camp. Ils jouent sur les mots, trouve la règle du jeu. Le silence de la rue qu'invoque la soumission. Se coucher devant ça sous peine de poursuite. La vacuité du débat qu'impose la répression. Rester à sa place ou courir plus vite. Le témoin va parler. Nager en eaux troubles. Parier sur les peurs. S'en faire le vecteur. Et le chevalier blanc. Infantiliser le consommateur. Les perturbateurs qui veulent casser leurs jouets. Punition collective. On délègue au privé. Les pavés dans la vitre ont trouvés leur bonheur. Fin du 20h. Fermer la séquence. Lécher les séquelles. Laisser la douleur. Pourrir sur place ou courir plus vite. Le témoin va parler.
10.
Étroite noirceur vive. L'horizon se blottit dans les replis en fleurs d'une peur qui salive. Piteux marin perdu dans le coude du fleuve qui se jette à la mer en criant “On arrive“. Livide, il croit garder le cap mais il dérive. Sur la vague, sur le fil, sur le bord de l'abîme. Où la rive rassure. Et les embruns humides sont l'écho des crachats des gardiens de la digue. Déconstruire l'infini. Cheminer l'invisible. Équilibre bancal de l’indicible. Des mots-fakirs épinglés sur des clous minables et risibles. Décrire le supplice d'une main sublime et passive. Et plonger dans l'oubli. Les murmures du voyage. La transe interminable dans le temps qui s'égare. Plus d'horloges sur les murs. Plus d'aiguille dans le cadre. L'encre sert de lasure aux ratures diaphanes qui parsèment les fables où se perdent les cibles. Et s'égarent les âmes. Les heures qui s'étirent. Élastiques montagnes. Dans un écho lattant, tire un cri perceptible. Une plainte. Un râle. Il établi des listes. Chaque jour qui se brise ressemble au précédent. Le silence est limpide. Sous la chair des nuits blanches il empile des souvenirs. L'air est salé d'embruns pâles, sous les ailes d'oiseaux lents. Il éclaire à la bougie les murs opaques du salon. Quelques mouchent s'y compriment dans une odeur acide. Fissure verticale à travers des amas d'étoiles. Il dessine une ligne. Franchissant le vertige. Et plonger dans l'oubli. Sa mémoire est turquoise. C'est un cadavre exquis. Une lueur fébrile s'enfuit par la fenêtre. Tous les astres s'inclinent pour saluer sa course. Dans un brasier céleste ils célèbrent sa perte. Ils grave son absence dans les coins de sa tête. Fragile, la nuit est fait de miettes. Un balai de pensées. Le passé qui s'arrête sur les photos floues qui défilent. Une poussière de comète sur un calendrier. Il ferme la fenêtre. Il a perdu le fil. Effacer les enfants et les fêtes de famille. Le futur se fracture et laisse une plaie ouverte. Fissure verticale dans un cerveau cassé. Océan. Il retourne à son île. Isolé. Et plonger dans l'oubli. Sa mémoire est turquoise. C'est un cadavre exquis.
11.
Mesdames, messieurs, Voici un abri pour sans-abri bâti en un soir. Il s'est fait du rejet un ombrage à la misère. Majesté du trottoir, le roi des errants a perdu ses repères. Égaré son argent. Monsieur ne reste pas, il est en itinérance. Mais son odeur exaspère ses voisins de palier. 16 ans depuis deux jours et déjà c'est l'enfer. Il s'abîme les méninges à régner sur sa cour. À gagner le respect sur une terre coloniale avec une paire de sandale et que dalle à becter. Une culture à troquer, si le cœur vous en dit. Mais le bitume et la rouille ont bouchés les artères. L'Angleterre est un rêve, son reflet dort à Calais entassé dans des camions frigorifiques. Il fait froid dans sa tète, ça lui mord l'estomac. À Paris, déjà, l'hiver l'a encerclé. Dans ses poches, y a pas foule, pourtant il est fouillé. Il paraît que le motif est écrit dans ses pigments. Désordre à la voie publique. Sa voix était un diamant. Et les gens voudraient lui voler pour élire un président. Sur l'échiquier politique il est le roi des sujets. Mais le poids du rejet a stoppé son élan. Piétiner dans les camps. Régurgiter sa vie. Salie par un exil que personne ne comprend. Noyé sous les papiers. Débouté à l'asile. Voyez comme il est nié. Moqué pour son accent. Les gens qui le contemple en train de se noyer. De balayer la rue d'une ombre fugitive. Ajustant sa couronne sur une tête usée. Regardez-le passer. Il reprend son élan. Roi des errants. Déshérité. Passé cassé. Damné damné.
12.
Noir 03:37
Il ne parle plus, il chante. Dans une langue étrangère. Sa musique se disloque. Les notes qui s'y prélassent ont la nostalgie des grands soirs. Les mots qui restent en suspend et le silence du couloir. Sont l'étoffe que la fin s'est choisie ce matin dans la glace. Il répand ses débris dans l'espace. La poussière et les miettes. Il ne marche plus, il danse. Les contours disparaissent dans l'impasse d'un tiroir. La matière noire compresse ce qu'il reste à la place. Une pierre où se résume la trace d'une histoire qui s'arrête. Noir. Les yeux saphirs ont fini de voir le temps qui s'échappe. Les souvenirs se font vieux. Les vieux démons se font rares. Dans les tombeaux qu'on évite. Et tous ceux qui nous rattrape. Restera-t-il de la place pour y bercer la mémoire. Noir. Noir. Noir. Son corps était grand comme un palace. Aujourd'hui c'est une ruine fleurie. Laissez la peur s'en défaire. Laisser les pleurs et la crasse. L'inéluctable est ainsi fait. Il nous met face à l'éphémère. Il est des miroirs que l'on casse, et des reflets qu'on ne veux pas voir. Tenir les chimères par la taille et valser. Faire danser les étoiles. Se coucher dans leur draps. Toucher du bout des doigts la matière qui se dévoile. Et dormir à l'étroit, d'un sommeil vertical. Le réveil s'est cassé. Le soleil à prit froid. Valser. Faire danser sa vie. Sur un brasier céleste. Qui célèbre la nuit. Où s'en vont les corps lestes. Où se défont les récits. Les trajectoires modestes. Ici tout n'est qu'emprunt. Qu'il nous faut rendre tôt ou tard. Noir. Les yeux saphirs ont fini de voir le temps qui s'échappe. Les souvenirs se font vieux. Les vieux démons se font rares. Dans les tombeaux qu'on évite. Et tous ceux qui nous rattrape. Restera-t-il de la place pour y bercer la mémoire. Noir. Noir. Noir.

credits

released October 20, 2020

Texte & Musique : Oaristys
Texte & Voix "Géographies" : Monsieur 6000
Chant "Géographies", "Les passants", "Noir" : Armelle Ita
Flûte "Interludes" : Nicolas Paradis

Mixage & Mastering : Moune Studio
Visuels : La Lune Urbaine

license

all rights reserved

tags

about

Oaristys Avignon, France

Projet Hip-Hop en solitaire.
Abstraction poétique de la violence contemporaine, les couches musicales sont multiples et rigoureuses.
L'écriture est précise.
La parole est lâchée.

contact / help

Contact Oaristys

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like Oaristys, you may also like: